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Niż o imieniu Lars wywoła największe od lat śnieżyce nad Polską Wschodnią.

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Mais c’est dans l’ouvrage de Charlotte Beradt consacré aux rêves sous le IIIe Reich que l’on trouve le témoignage le plus fort et le plus impressionnant de la manière dont la sphère politique envahit la subjectivité des citoyens et colonise l’intime, jusque dans les moments où l’être humain semble s’être retiré de la société et de ses contraintes. Beradt ne s’interroge pas sur l’histoire personnelle des rêveurs. Elle ne met pas en relation les rêves avec des séries d’expériences individuelles, mais avec des caractéristiques générales d’une époque de montée du nazisme. Les rêves qu’elle a soigneusement recueillis auprès d’Allemands à partir de 1933 montrent comment la scène onirique est le théâtre de tous les sentiments de dépossession, de dépersonnalisation, d’humiliation, de consentement, de soumission ou de culpabilité, mais aussi de fascination ou d’attraction ressentis à l’égard des bourreaux, liés à la mise en place progressive d’un régime totalitaire.

Les rêveurs s’imaginent écoutés au cœur même de leur espace privé par des autorités qui ont placé partout des microphones, ils se voient même scrutés dans leurs pensées les plus intimes et rêvent que les murs de leur appartement comme ceux des habitations voisines ont totalement disparu ; surveillés en permanence, ils se sentent agressés par les haut-parleurs hurlant, les images et slogans politiques ou les uniformes militaires ; ils se rêvent dociles, pliant devant l’autorité et se sentant soulagés par des attitudes conformistes ; ils sont paralysés par la peur ou l’angoisse. Beradt y voit des formes de « mises au pas » et de « rite d’initiation au totalitarisme », mais on peut tout aussi bien y voir des occasions de mettre en scène ce qui est craint, afin d’y faire face.

Bernard Lahire L’interprétation sociologique des rêves, La découverte, 2021